Puisque le rapprochement historique entre Donald Trump et Kim Jong-Un ne mérite pas le Prix Nobel de la Paix, voyons de plus près à qui cette récompense grand-guignolesque a été décernée cette année.

Le Nobel de la Paix a tant perdu de sa valeur au cours des décennies que nous hésitions même à aborder le sujet, mais pas si vite ! Car il semble que, cette année, les lauréats méritent une ou deux lignes, voire davantage.

Cette année, les deux lauréats sont des héros qui luttent contre les abominations commises contre les femmes. Le Comité Nobel norvégien (qui décerne le Nobel de la Paix) était sous pression après l’immense scandale sexuel qui a frappé l’Académie suédoise (Nobel de Littérature) et qui a entraîné le départ de plusieurs Académiciens dont Sara Danius, la secrétaire perpétuelle. Le Comité Nobel a voulu montrer que la lutte contre les violences sexuelles ne le laissait pas de marbre.

Commençons par la femme : âgée de 25 ans, Nadia Murad est une ancienne esclave sexuelle de Daech issue de la minorité irakienne des Yézidis et qui avait réussi non sans mal à s’échapper et à fuir vers l’Allemagne où elle a rejoint sa sœur, en septembre 2015, puis s’est installée à Stuttgart.

Nadia Murad avait déjà reçu le Prix Sakharov en 2016, avec une autre victime des mêmes violences, Lamia Haji Bachar. Depuis lors, elle est ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains et son objectif est de faire reconnaître comme un génocide les crimes commis contre les Yézidis. Nous souhaitons qu’elle réussisse et que ce Nobel y contribue, tant les parodies de procès, notamment en France, à l’encontre d’anciens bourreaux de Daech, nous laissent un sentiment de dégoût. Il y a longtemps qu’un Tribunal international aurait dû être constitué pour juger en un seul lieu les crimes contre l’Humanité commis par Daech. En France, les procès débouchent sur des condamnations ridicules, comme par exemple la condamnation à dix ans de prison avec une période de sûreté des deux tiers prononcée vendredi 28 septembre par le Tribunal correctionnel de Paris contre le Franco-Tunisien Lotfi Souli, 50 ans, qui était considéré comme un VIP de Daech.

L’autre lauréat du Nobel de la Paix 2018 a aussi remporté le Prix Sakharov, mais en 2014. C’est le gynécologue congolais Denis Mukwege, 63 ans, fondateur de l’hôpital de Panzi, dans l’est de la République démocratique du Congo, en 1999 qui était d’abord destiné à l’obstétrique, mais la Deuxième guerre du Congo a tout changé et, à Panzi, Denis Mukwege soigne des dizaines de milliers de femmes victimes de viols et de mutilations génitales. Des femmes à l’appareil génital détruit par des tirs d’armes à feu. De telles monstruosités sont commises régulièrement en RDC. Femmes et bébés violés, torturés, mutilés, et aussi par des soldats de l’armée gouvernementale, sont soignés et « réparés » par ce fils de pasteur qui a échappé à six tentatives d’assassinat.

Voilà un curriculum vitae qui change de celui du lauréat de 2009.

Jorge Hansen

 

 

 

 

Denis Mukwege et Nadia Murad (Photo by Frederick FLORIN / AFP)
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