Par Thomas Tartakover

C’est en avril 1969 que paraissait « Détruire dit-elle » dont Marguerite Duras parlait en ces mots : « Il faut détruire, tout détruire. » Qu’est devenue cette œuvre fascinante ? Plus personne ne se souvient du film réalisé en cette même année 1969, il est si médiocre qu’il n’est pas resté dans la mémoire collective, tout comme a disparu de notre esprit « Stan the Flasher » de Gainsbourg. Il est permis de se demander qui lit encore « Détruire dit-elle » en 2019 ? Personne, sans doute, car c’est un livre incorrect et il serait intéressant d’en envoyer le manuscrit à l’aveugle aux Editions de Minuit pour voir s’il serait accepté…

Ce huis clos n’a rien à voir avec celui de Sartre, ou presque. Pour Elisabeth Alione, l’enfer c’est les autres mais c’est surtout Alissa Thor. A tort, car le plus pervers, c’est Stein. C’est Stein qui manipule et ordonne au trio de se jeter sur sa proie.

Cette proie cherche la fuite mais le trio décide de la poursuivre au-delà de cet hôtel, jusqu’à Leucate, et c’est Stein, encore lui, qui le décide.

Un scénario cruellement actuel, nous vivons dans un monde où les victimes et leurs bourreaux pullulent, où les actes de destruction psychologiques n’ont jamais autant fait parler d’eux… Oui, dans ce monde post-communiste occidental la folie a pris le dessus. On pensait que la fin du communisme apporterait le bonheur collectif, c’était notre espoir, en Occident. On s’est trompé. Et c’est Marguerite Duras qui avait raison :

« Il faut détruire, tout détruire. »

Thomas Tartakover

Photo de "Détruire dit-elle" © Jean Mascolo
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