Dimanche 10 juin, Joan Baez poursuivait sa série de concerts à l’Olympia. A 77 ans, l’artiste est toujours une bête de scène. Dix concerts, tous complets, et des chansons mythiques.

 

 

Joan Baez, on ne l’avait jamais oubliée, l’éblouissante représentante des plus pauvres, des sans-droits de tous les pays, inoubliable interprète de Boris Vian (« A tous les enfants », « Le Déserteur »), 2000 spectateurs debout tous les soirs jusqu’au 17 juin. Qu’elle chante pieds nus sur scène, peu importe. L’essentiel, c’est la musique. « Don’t think twice it’s allright » du Prix Nobel de littérature 2016, et l’on est immédiatement rassuré : la voix de l’artiste est toujours aussi pure malgré le temps qui a passé. « Chanson pour l’Auvergnat » est magnifiquement interprétée et émeut tout le public. Joan Baez reprend toujours des chansons d’artistes français et à vrai dire, on attendait plutôt Vian que Brassens. « Diamonds and Rust » est le titre le plus emblématique de l’artiste. Même si les hommages à Bob Dylan sont nombreux ce soir, celui-ci demeure non négociable…

Avec « The President sang Amazing Grace », Joan Baez nous rappelle que Barack Obama chanta « Amazing Grace » après la tuerie de Charleston de 2015 parce qu’il ne trouvait pas les mots pour exprimer son émotion. Il décida donc de chanter cet air. Lorsque Joan Baez rend pareil hommage au président américain recordman des ventes d’armes dans le monde pendant ses deux mandats, on ne peut s’empêcher d’y voir de la naïveté, mais ce soir on aime la naïveté dans cette salle.

Elle terminera le concert avec son grand standard « Gracias a la Vida » suivi d’« Imagine » de Lennon (qui mieux que Joan Baez pour chanter John Lennon de façon si authentique ?), « The Boxer » (Simon and Garfunkel) comme une évidence, puis « Le temps des cerises » et la grande dame de la Protest Song de saluer le public français avec un « Here’s to you » superflu : Boris Vian aurait été plus pertinent pour dire au revoir en poésie.

Finalement, peu importe son interdiction d’entrer dans une célèbre boîte parisienne, et tout ce qui n’intéresse pas les vrais fans de l’artiste, peu importe aussi sa naïveté vis-à-vis du Président Obama, peu importe son angélisme, seules comptent la poésie, la musique, la pensée pacifique, l’éternelle lutte des plus faibles, des plus pauvres, des victimes des guerres et des tremblements de terre.

Car l’art de Joan Baez est immortel.

Folk singers Joan Baez and Bob Dylan singing at the 1963 Civil Rights March on Washington. Aug. 28, 1963.
NEW YORK, NY - APRIL 07: 2017 Inductee Joan Baez performs onstage at the 32nd Annual Rock & Roll Hall Of Fame Induction Ceremony at Barclays Center on April 7, 2017 in New York City. The event will broadcast on HBO Saturday, April 29, 2017 at 8:00 pm ET/PT Mike Coppola/Getty Images/AFP
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