La forêt observe les hommes et organise leur fin. Inspiré du septième livre de la Genèse, Zep nous livre un poème rythmé, un scénario bien ficelé, des personnages certes un peu convenus, un professeur Frawley atypique qui écoute les Doors du matin au soir dans son labo situé dans la réserve naturelle de Doksla (Suède) et Théodore, un stagiaire forcément rebelle et plutôt extrémiste. Mais là n’est pas l’essentiel. Le personnage principal, c’est la forêt.

 

 

La forêt qui, en trente millions d’années, en a vu passer, des hommes qui ont tenté de la détruire…. Alors, un jour, elle décide que ça suffit ; la forêt aussi peut se révolter et décider l’extermination des hommes. Un thriller, oui, un poème d’anticipation, surtout.

Inverser les rôles… Remettre l’homme à sa juste place : un animal parmi les plus développés, certes, mais pas le plus puissant. Un personnage parmi d’autres de la tragicomédie que vit notre planète depuis plus de quatre milliards d’années.

Zep marque en plein dans le mille. Car The End nous laisse espérer une issue heureuse. Hélas, l’artiste genevois, à l’instar de ses pairs qui tremblent à l’idée de transmettre un message qui resterait incompris, en rajoute une couche à la dernière page, là où l’on aurait préféré le silence, le silence total, comme après les dernières notes d’un quatuor de Chostakovitch. Au lieu de nous offrir ce silence, Zep termine The End par un cliché d’une épaisseur apocalyptique.

Thomas Tartakover

« The End », Zep, Rue de Sèvres, avril 2018

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