Rencontre au sommet entre Donald Trump et Kim Jong-Un
When you’re smiling, the Whole World smiles with you
L’île de Sentosa, à Singapour, était donc prédestinée à une rencontre historique. Genève en avait rêvé, elle qui avait reçu Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985. Mais l’île de Sentosa, dont le nom signifie « paisible » en malais, devait sortir de sa léthargie et accueillir les deux présidents, Donald Trump, Kim Jong-Un.
Après des mois de rhétorique belliqueuse, Rocket Man et le Psychopathe se sont donc rencontrés. On est décidément bien loin de la guerre nucléaire qui nous était promise. Quand M. Trump a accepté l’invitation de Rocket Man, on aurait pu croire à un remake de Règlement de compte à Ok Coral. Mais l’organisation du Sommet semblait se dérouler de la manière la plus pacifique, jusqu’à la spectaculaire annulation du 24 mai à laquelle John Milton Club n’a jamais cru, annulation sous le prétexte d’un retour à une rhétorique provocante de la part du chef d’Etat nord-coréen. M. Trump devait prouver au monde que lui seul avait le pouvoir de décider du maintien du Sommet. Il était obligé, avant le 12 juin, de simuler une annulation.
Le prévisible imprévisible Donald Trump, deux jours auparavant, avait retiré son soutien au communiqué de presse final du Sommet du G7 de La Malbaie (Canada) en traitant au passage Justin Trudeau de « very dishonest and weak » sur Twitter en raison de leurs divergences sur les droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium. M. Trump avait été le premier à quitter La Malbaie pour rejoindre Sentosa.
La poignée de mains entre Donald Trump et Kim Jong-Un, à l’Hôtel Capella, restera à jamais dans l’Histoire. Les deux chefs d’Etat méritent sans aucun doute le Prix Nobel de la Paix si l’on considère que le Prix Nobel de la Paix 2009, Barack Obama, est le président américain à avoir vendu le plus d’armes à des nations étrangères depuis 1945, soit pour un chiffre d’affaires de plus de quarante milliards de dollars d’armes uniquement en 2015 et principalement à l’Arabie Saoudite, selon un rapport (https://fas.org/sgp/crs/weapons/R44716.pdf) cité par Motherboard (https://motherboard.vice.com/en_us/article/qkjmvb/obamas-administration-sold-more-weapons-than-any-other-since-world-war-ii). On n’entend guère les anti-Trump sur cette question. Quoi qu’il en soit, le Nobel a-t-il encore une quelconque valeur tant ce prix a été galvaudé au fil des décennies ?
La rencontre au Sommet a tenu toutes ses promesses. Compliments, sourires, cadeaux, promesses de visites d’Etat… La détente comme on ne l’avait jamais vue.
Les deux chefs d’Etat se sont quittés après avoir signé une déclaration commune contenant quatre points :
- Un engagement des deux nations à établir de nouvelles relations en conformité avec l’aspiration commune des deux peuples à vivre dans la paix et la prospérité.
- Les deux nations s’engagent à construire un régime de paix durable et stable sur la Péninsule coréenne.
- Un engagement de la Corée du Nord à dénucléariser complètement la Péninsule coréenne.
- Un engagement des deux nations à retrouver les dépouilles de prisonniers de guerre et des combattants disparus au combat et à rapatrier ceux qui sont déjà identifiés.
Aucune sanction n’est mentionnée dans le document en cas de non-respect de ces engagements. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo et son homologue Ri Yong-Ho se chargeront de régler les détails de la dénucléarisation et de sa vérification.
Un succès incontestable pour M. Trump qui pèsera de tout son poids dans la balance à l’issue de son premier mandat. Mercredi 6 juin, M. Poutine avait félicité son homologue américain pour son initiative. Shinzo Abe, d’abord timoré et perplexe, a fini par saluer cette rencontre comme un « premier pas ». En mars, Emmanuel Macron s’en était réjoui lui aussi. Le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, s’est félicité de voir « les deux chefs d’Etat s’asseoir ensemble et avoir une conversation d’égal à égal. » When you’re smiling, the Whole World smiles with you, chantait jadis Dean Martin…
