Le Musée national brésilien, un phœnix virtuel ?
Des étudiants en muséologie de l’Université fédérale de l’Etat de Rio de Janeiro ont décidé de faire revivre le Musée national brésilien, détruit à 90% dans un incendie le 2 septembre dernier, en partageant le plus grand nombre possible de photographies du musée, prises par ses visiteurs au fil des années. Ils souhaitent créer un musée virtuel et depuis leur annonce, ils ont déjà reçu des milliers de photographies.
A Genève, la Société des amis du Musée d’ethnographie a pris l’initiative de coordonner les dons en faveur du Musée national brésilien, annonce dans la presse genevoise M. Jean-Yves Marin, directeur du Musée d’Art et d’Histoire.
Sur les lieux de l’incendie, les fouilles se poursuivaient la semaine passée, et les pompiers auraient retrouvé un crâne qui pourrait être celui de Luzia, fossile humain de 11’500 ans.
Avec la disparition du Musée national brésilien, ce sont deux cents ans d’histoire du pays qui ont été ravagées. Le musée, situé dans l’ancien palais impérial de Saint-Christophe, où fut signée l’Indépendance du Brésil en 1822, a perdu sept cents pièces de la plus grande collection égyptienne d’Amérique latine (statues, stèles momies, tombeaux), et plus de vingt millions d’œuvres d’archéologie, de paléontologie, de zoologie ou de botanique.
Il faut dire que sous la présidence de Michel Temer, qui a décidé en mai dernier de renoncer à se représenter aux élections des 7 et 28 octobre prochains, le budget du Musée national a été réduit de 85%, soit un montant total alloué au musée d’environ 12 millions de francs suisses en 2018. Un musée laissé pour mort par les politiques et dont même les bouches d’incendie étaient hors d’usage… Une politique d’austérité qui en dit long sur son mépris pour la culture. Cependant, la situation n’était pas meilleure sous la présidence de Dilma Rousseff puisque, en 2015, le personnel n’avait pu être rémunéré, entraînant la fermeture temporaire des lieux. En juin dernier, aucun ministre n’avait fait le déplacement à l’occasion du bicentenaire du Musée.
Il est trop tard.
Thomas Tartakover
