Ce qui me fait vraiment pleurer,

Me fait pleurer et m’effraie,

Est que, regardant un jour ce même bout de terre sur la carte,

Je ne voie que poussière,

Ne lise qu’un mot : « vide ».

Nazîh Abou Afach, La Syrie qui était (traduction de Claude Krul, éditions Alidades, 2014)

Icône de la révolution syrienne anti-Bachar Al-Assad et anti-Daech, Raëd Farès, 46 ans, a été assassiné le 23 novembre avec son compagnon de route Hammoud al-Jneid à Kfar Nabel, dans la province d’Idlib. Ali Dandouche, un photographe de 20 ans, était avec eux et il a survécu.

A ses yeux, lutter contre le régime du Lion de Damas équivalait à lutter contre l’Etat islamique. Même combat. Même résistance. Il avait fondé la Radio Fresh et n’avait jamais quitté la Syrie ; il menait son combat de l’intérieur, de Kfar Nabel où pacifiquement il s’adressait en priorité à la jeunesse syrienne, avec sa verve qui lui avait valu des tentatives d’assassinat avortées, et un emprisonnement par Jabhat Al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaïda). Les locaux de sa radio libre avaient subi quelques attentats.

Une voix s’est tue dans la Syrie qui était.

Thomas Tartakover

Photo de l'AFP prise aux funérailles de Raëd Farès
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